Deux Anes

Au début de ce siècle, les cabarets de chansonniers montmartrois se situaient tous entre la place Pigalle et la place Blanche et il ne serait venu à l’idée de personne d’en ouvrir un, passé le Moulin Rouge.

 

En 1910, cependant, Stein, un cabaretier venu de province s’y installait au 100, boulevard de Clichy et inaugurait La Truie qui file. La Truie ne fila pas longtemps, la maison ferma. Quelque temps après, rouvrait sous le titre de l’araignée. Mais cette araignée attirait peu de clients dans sa toile : son existence fut bien éphémère…

 

Elle fut remplacée par le Porc-épic sous le direction de Maurice Mérall accompagné d’une équipe de chansonniers dont Saint-Granier, Pierre Dac, Gabaroche, puis William Burtey succède à Mérall et baptise son cabaret l’Epatant. Pendant la guerre de 14/18, nouvel essai, nouvelle direction, nouvelle enseigne : Les Truands.

 

Le Directeur, Tristan Rémy, poète dadaïste, imaginait de faire servir des pommes de terre frites pendant le représentation. Les spectacles casse-croûte des Truands eurent peu d’amateurs. Après un essai de « théâtre des marionnettes », Roger Ferréol et André Dalh se rendirent acquéreurs de l’établissement en 1922…

 

Les deux nouveaux directeurs se torturaient les méninges pour lui donner une enseigne : « Pour ne rien trouver, dit André Dalh, faut-il que nous soyons ânes ! » « Mais, s’écria Ferréol, la voilà notre enseigne ! Nous sommes deux et nous sommes des ânes. » LES DEUX ANES.

 

En 1928, Henri Alibert recevait de Roger Ferréol les rênes des Deux-Anes et les a conduits au grand galop sur la route du succès. Tous les chansonniers de la génération actuelle sont passés au Deux-Anes. « Bien braire et laisser rire » telle est la devise de notre théâtre qui ne s’en prive pas depuis plus d’un siècle.

 

Dernière mise à jour le : 10 mars 2020